Camp d'été 2024 dans les Écrins

Semaine du 14 juillet 2024

Texte :

Cécile pour le récit au jour le jour et Rémi R. (pour la partie via ferrate)

Photos :

merci à nos photographes, Anthony B., Isabelle H., Pascal C., Bruno J., Philippe C., Daniel G., Pascal G., Bruno W., Rémi R., qui ont immortalisé tous ces beaux moments.

Rendez-vous était pris ce dimanche 7 Juillet 2024 et c’est un groupe nombreux (23 Cafistes des Hautes Vosges ) qui se retrouve à Pelvoux. Gros succès donc pour ce camp d’été :  des anciens mais aussi quelques nouveaux s’installent donc au chalet alpin de l’Eychauda et découvrent les cordées portées par nos cadres Thierry, Philippe, Francis, Jean-Luc, Alain, Isabelle, Patrice et notre président Rémi venant en renfort…

Les nouveaux gardiens Lucile et Matthieu sont au petit soin avec les clients et après un super gratin de lasagnes aux épinards, tout le monde file au lit.

Lundi 8 juillet :

Après les préparatifs toujours un peu longs le premier jour, le convoi s’organise jusqu’au parking d’Ailefroide : ne rien prendre d’inutile mais ne rien oublier d’important ! 

Le groupe traverse à pied le Pré de Mme Carle, hors d’eau sous un soleil radieux mais on voit encore les traces des inondations qui ont durement touché la vallée et on pense fort à la  Bérarde où nous étions l’an passé. Après 2H30 de marche le long des torrents, on arrive tous sur la terrasse bondée du Refuge du Glacier Blanc (2550 m). On casse la croûte : rapidement pour ceux qui souhaitent aller grimper l’aiguille Pierre Etienne (2967 m) , tranquillement pour les autres qui se contenteront de réviser les manipulations de base (nœud de 8, cabestan, installation du machard, prussik ou «ficelou » et du reverso pour le rappel et assurage en moulinette…).  Cela ne perturbe pas les marmottes qui chahutent au soleil. Etant du premier service, il fait encore grand jour quand nous passons à table pour le premier plat de polenta de la semaine.

Mardi 9 juillet :

Lever à 4 h pour partir vers 5 h à l’ascension des Agneaux Noirs.

C’est une course mixte qui débute dans une ambiance matinale magique à la frontale. Nous ne sommes pas tout seuls dans ce haut lieu de l’alpinisme mais la marche lente impose un grand calme. Nous mettons bientôt les crampons pour monter au col Monêtier encore bien enneigé (3339 m) puis nous devons descendre un peu pour remonter vers le col Tuckett (3480 m).

La vigilance est de mise tout le temps et Nathalie, nouvelle recrue en a fait les frais entrainant sa cordée dans une petite glissade improvisée. Plus de peur que de mal heureusement…

Ce col est trop étroit pour tous y rester donc les premières cordées avancent et atteignent bientôt l’arête : une partie de roche plus redressée qui permet d’atteindre le sommet des Agneaux (3662 m). Pour certains, ce sommet est une remise en jambe, pour d’autres comme Pascal C. c’est la première expérience dans les Alpes avec tout ce que ça éveille, et pour moi, un chouette rappel du camp de 2015 où j’ai pu découvrir cet univers insoupçonné grâce à la confiance de ceux qui grimpent en tête et nous emmènent sur leur corde.

Quelle chance d’être là !  On savoure l’instant … mais on ne traine pas trop avant une désescalade parfois plus laborieuse que la montée. Le dernier de la cordée  a pour mission de récupérer « tout » le matériel mais quand on dit « tout », ça n’inclue pas le relais posé pour les cordées suivantes. C’était la boulette du jour qui, avouons-le, nous a bien fait rigoler mais chuuuut !

Dernier rappel un peu long avec un passage « rock and roll » mais Francis récupère les cordes avec brio et on pique niquera plus bas avant le retour au Glacier Blanc :  faute de regel, autant rentrer tant que la neige porte encore.

Mercredi 10 :

Lever de bonne heure pour rejoindre le refuge suivant dit « des Ecrins » (3175 m) en longeant le Glacier Blanc.

Le gardien Damien Haxaire est un vosgien d’Anould et Pascal peut enfin déposer les 2 Munster qu’il porte sur son dos depuis la vallée, petit cadeau prévu par Philippe.  Arrivés tôt dès 8h30, le refuge est en plein ménage donc la plupart du groupe renonce à la sieste et allège le sac pour repartir faire une petite course de neige : le pic du glacier d’Arsine (3364 m) est atteint avant midi et permet de goûter le Génépi de Thierry (à comparer à celui de Jean Luc pour les spécialistes 😊) mais pas de folie car il reste un bon raidillon pour remonter au refuge. Ensuite chacun peut se reposer, lire des passages de la collection Guérin-Paulsen, s’hydrater en bières ou en tisanes, goûter l’omelette locale ou contempler le dôme de neige avec la barre dans les nuages…

Un souci de santé oblige Bruno à redescendre mais nous le retrouverons à Pelvoux  (inutile de tenter l’aventure pour faire un baptême d’hélicoptère : il parait que les personnes évacuées voyagent couchées)…

Avant le repas de 18h, le gardien fait son débriefing complet : météo et état des courses : la neige tombée tard et en abondance en avril devrait favoriser la course de demain même si un sérac tombé la veille nous rappelle que nous sommes sur un terrain instable durement attaqué par le réchauffement. Nous avons une belle fenêtre météo pour demain et dégustons la polenta agrémentée de quelques rares légumes précieusement héliportés. Après avoir réfléchi à de multiples combinaisons de cordées, nos cadres renoncent à ajouter l’aller-retour de  la barre (4116 m)  pour pouvoir accompagner en sécurité un maximum d’entre nous en respectant le rythme de chacun.

Jeudi 11 :

Jour J pour le point culminant de cette semaine. On se lève à 3 h pour optimiser nos chances d’arriver tous au sommet. Cette course de neige n’est pas difficile en soi mais à 4000m,  impossible de prévoir si quelqu’un est sujet au MAM et la chute imprévisible de sérac en fait une course devenue aléatoire d’après les guides. Le danger des crevasses demeure malgré le bon enneigement donc on reste vigilant, « corde tendue » et piolet en main. Vers 5h30 alors que nous sommes dans la montée,  le soleil apparait et diffuse une chaude lumière orangée au-dessous d’une mer de nuages gris : c’est un spectacle grandiose que chacun savoure en silence .

Les cordées avancent dans un rythme lent mais régulier : on approche de la Barre où sont plusieurs cordées espagnoles au-dessus de la brèche Lory : la rimaye peu ouverte permet un accès rapide sur le Dôme et finalement, tout le groupe du CAF 88 soit 20 personnes se retrouve au sommet. Pour plusieurs d’entre nous, c’est un premier « 4000 » comme on dit !

Là encore, nous ne devons pas trop trainer car la redescente sera longue et on fait quand même un peu les sangliers quand la neige ramollit sur la fin. La pause se fera en bas et 4 courageux, Thierry , Anthony, Sarah et Laurent ajoutent 400 m de dénivelé en ajoutant la Roche Faurio  sur le retour.

Vendredi 12 :

Grasse matinée relative (jusqu’à 6h…°) car la météo est moins favorable. Cela nous convient bien car le programme est léger avec juste la redescente vers Pelvoux. Hésitation liée à de petites averses : nous redescendons au sec sur le Glacier Blanc mais un éclair suivi d’un coup de tonnerre retenti sur la fin du parcours, suivi d’une bonne averse de grêle … Heureusement nous avons encore le casque mais le piolet dans le dos par contre n’est pas rassurant et tout le monde accélère le pas pour rejoindre le pré de Mme Carle.

Une exposition de la Maison du Parc permet d’attendre que tout le monde soit là et montre photo à l’appui si besoin était, le recul irréversible du Glacier Blanc…
Arrivés de bonne heure à Pelvoux, on improvise un déjeuner au pied des pistes de ski pour fêter notre retour à la civilisation ! L’après-midi, par chance, la salle de SAE se libère. Jean Luc improvise un cours pour grimper non pas en force en tirant sur ses bras mais en jouant sur son équilibre : gros succès car ça ouvre de nouvelles perspectives pour les filles (et tous ceux qui n’aiment pas les tractions) ; l’année prochaine on sera meilleure , c’est sûr  !

Samedi 13 :

Coup de chance : la pierre a séché malgré la pluie nocturne et on peut tenter une grande voie facile ou terrain d’aventure bien nommé « Gypsy King » tandis qu’un petit groupe suit Anthony pour la via Ferrata de l’Aiguillette du Lauzet au-dessus du Pont de l’Alpe.

Les deux parcours vont nous occuper la journée car  bien que décrite comme « 8 longueurs très faciles », la voie n’a pas dû être empruntée depuis longtemps et on fait un peu de ménage (voire du débroussaillage parfois dans le genévrier qui pique !). Ça bouchonne un peu au relais (faut dire que Francis fait une variante avec son chausson dans la rivière…) mais la vue est magnifique et faute de génépi, on fait un peu le lézard en attendant que la corde soit « libre ».

Côté Aiguillette du Lauzet, le panneau d'information situé au bord de la route nous laisse perplexes. Il indique une cotation « bleue » alors que notre topo cote « rouge ». Mais bon, comme nous étions parti pour du rouge, nous persistons à y aller. La marche d’approche nous fait avaler 300 m de dénivelé. C’est parti pour 600 m de grimpe…
Le début de la via ferrate est « gentille » et confirme la cotation « bleue » indiquée au départ du chemin d’accès, promettant un parcours tranquille. Après 1/3 du parcours, un passage dans un immense dièdre ne laisse plus aucun doute sur la cotation réelle du parcours : c’est le topo qui avait raison et bien raison ; c’est à n’en pas douter du « rouge », même un bon rouge avec passage entre autre dans une « boite à lettre » permettant d’atteindre une zone appelée « La salle à manger ». Suffisamment vaste pour s’installer confortablement, poser les sacs, se reposer et manger. Ben  oui, il est déjà midi passé et les estomacs crient famine ! Pour la sieste par contre, on passe notre tour. En effet, nous en sommes à peine à la moitié de la montée et ensuite il y a près de 1000 m à redescendre ; certes sur un chemin de randonnée mais 1000 m quand même. La suite du parcours reste « rouge » et le sommet fini par être atteint. Un sommet magnifique, avec une vue époustouflante à 360°. Nous en profitons longuement mais pas trop quand même… il y a encore les 1000 m de descente ; descente bien plaisante ponctuée de séquences d’observation de nombreux chamois qui se transforme en randonnée botanique. Nous reniflons les « orchis vanille » sur le bord du chemin, admirons les edelweiss. Enfin ça c’est pour les quelques fleurs que nous sommes capable de nommer. En réalité il y en a bien d’autres dans ces tapis floraux.

Dimanche 14 :

Retour vers les Vosges même si certains jouent les prolongations pour profiter du beau temps en montagne ou à vélo tandis que d’autres repartent bosser… mais tout le monde repart ravi de ce camp d’été grand cru 😊
Encore un immense merci à tous nos cadres (et à notre Comité) sans qui ce camp ne pourrait pas avoir lieu… et on va continuer à s’entrainer, c’est sûr, dans l’espoir de partager encore d’autres aventures dans cette « conquête de l’inutile » si importante à nos yeux.