Camp d'été d'alpinisme - Entre Vélan et Combins

07 au 13 juillet 2019

Photos de Isabelle, Alain et Valérie

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Photos de Cécile

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Malgré un intérêt commun pour la « mobilité douce », c’est en plusieurs véhicules que nous nous sommes retrouvés le dimanche 7 juillet à Bourg St Pierre, prêts dès midi à attaquer la montée à la cabane du Vélan, 1000m plus haut donc à 2638m. Munis de nos crampons, piolets et de nos francs suisses, notre petit groupe de 9 s’engage donc à travers la verdure et chacun traverse à son rythme les rivières pour arriver finalement à l’étage du minéral. L’accueil au refuge est sympathique et la faible fréquentation de ce début d’été nous permet de bénéficier royalement de 2 dortoirs, doublant ainsi la

superficie des couchettes ce qui au Vélan n’est pas un luxe… Nous avons alors le temps de boire notre première bière Suisse ou Rivella en savourant le panorama.

 

8/07 : le lundi, nous nous levons donc dès 5 h, bien reposés pour notre première course mixte vers le Mont Vélan (3727m) annoncée PD. L’accès au sommet par le glacier est choisi comme solution d’approche car plus dégagée et accessible que l’arête au vu des nuages. C’est donc à l’issue d’une longue marche dans le grand blanc et de quelques émotions dans la neige parfois molle que nous arrivons au sommet. Le GPS confirme notre position face à une visibilité limitée et justifie de sortir la « taupette ». Afin d’éviter une neige encore plus molle, la décision est prise de redescendre par l’arête ce qui a le double avantage de nous entrainer (on n’est pas en camp d’été CAF pour rien !) et de varier les plaisirs en évitant un aller retour. C’est donc après une ultime rimaye testée par Isabelle et un petit pont de neige trouvé par Alain que nous accédons à l’arête. Nous amorçons notre retour… C’est là où les néophytes comme moi comprennent qu’il vaut mieux être en « très bonne condition physique » quand on n'a pas la technique : l’itinéraire n’est pas vraiment indiqué et c’est donc en suivant les traces de crampons que Valérie et Isabelle trouvent les meilleurs passages, quitte à grimper sur un  gendarme ou à imaginer un chemin dans la moraine. Le groupe suit en 3 cordées et dans la bonne humeur, les plus aguerris attendant ou conseillant les moins sûrs. Après cette longue journée de plus de 12 h, on passe directement à la soupe car on dîne tôt en Suisse et le gardien du refuge est assez étonné de notre itinéraire qui s’avère finalement une première !

 

9/07 : le mardi, nous voilà en route pour 2 nuits à la cabane de Valsorey à 3037m. Nous optons pour l’itinéraire allégé car encore bien fatigués par la journée d’hier et nous arrivons donc assez tôt pour profiter de ce bel endroit. Isabelle la gardienne propose sur la terrasse une bonne tarte « bourdaloue » et d’autres préfèrent une bière… C’est l’occasion de sortir le topo imprimé sur Camptocamp décrivant l’ascension phare du lendemain : le Grand Combin de Grafeneire (4314m) ! Là, au fur et à mesure de la lecture, les visages sont de plus en plus septiques… il s’agit d’un itinéraire classé AD mais décrit comme « paumatoire » voire piégeux avec des passages exposés, quelques pas d’escalade et surtout une course longue avec en moyenne 5 h aller et autant retour…

Sur ce, il est évident que tout le groupe n’est pas prêt pour un tel effort et la sagesse belge de Daniel annonce que nous préférons laisser nos cadres tenter ce beau défi seuls : nous préférons une expédition réussie par quelques uns plutôt que de garder nos cordées sympathiques mais trop hétérogènes pour un tel objectif. Sur ces sages paroles, il fut donc décidé qu’Alain et Thierry feraient une cordée de deux et Isabelle se proposa de rester encadrer le groupe sur une autre sortie plus dans nos cordes. Valérie tenta de trouver parmi des élèves aspirants un premier de cordée qui l’accompagnerait mais ce fut hélas impossible car cette ascension comptait comme une épreuve de leur délicate formation de l’ENSA.

 

10/07 : le mercredi, après 2 h de sommeil supplémentaire sur les cordées parties au Grand Combin, nous nous sommes levés à 5h du matin pour voir rosir le mont Blanc.

Nous franchissons quelques névés et apercevons un lynx dans le sentier dit « panoramique » avant de chausser rapidement les crampons pour remonter le col des Maisons Blanches.

Cette partie qui devait être normalement une option tranquille se révèlera plus tard assez technique pour les néophytes comme moi car la pente qui se relève en arrivant vers le col fait bien 40° pendant plus de 100 mètres et comme cette partie est particulièrement gelée, il est impossible pour les premiers de faire des marches : il me faut donc apprendre ou réapprendre le pas chaloupé du posé de crampon en sollicitant les souvenirs du Grand Parcours, ne pas avoir peur de rester debout tout en tordant ses chevilles pour planter les 10 pointes, faire confiance en la solidité de l’assemblage

chaussure & crampons Petzl, ne jamais lâcher la hampe du piolet planté en alternance avec les crampons et ne pas céder à la tentation de se mettre à plat ventre en utilisant les pointes avant car Isabelle nous dit que la pente ne le justifie pas et parce que 10 pointes valent mieux que 2.

Grâce aux conseils avisés d’Isabelle et bien encadrée aussi par Valérie, notre cordée de filles arrive en haut et rejoint les garçons menés par Rémi. Isabelle sort la broche à glace pour sécuriser une ultime rimaye et nos deux cordées arrivent ainsi au col du Métin.

Sans trop y croire, nous regardons alors vers l’arête en pensant à nos 2 amis qui ont tenté l’ascension depuis 3 h du matin. Nous faisons une pause à l’abri du vent quand nous voyons débarquer 4 jeunes autrichiens en Tee Shirt et sans corde à l’aise comme des bouquetins ! Puis, comme si nous nous étions donné RDV, nous reconnaissons sur l’arête nos Alain et Thierry ! Ils nous ont reconnu aussi et redescendent vers nous avec agilité, la mine réjouie de leur longue ascension. Forts des précieux conseils du topo, ils ont pu éviter les itinéraires « paumatoires » et sont parvenus au sommet en moins de 5 h, suivis par un couple de norvégiens qui a senti en eux l’expérience. Il ne nous reste plus qu’à redescendre ensemble au refuge par une dernière pente enneigée que certains descendront sur leurs pieds, d’autres plutôt sur les fesses car la fatigue de la journée se fait sentir. A peine le temps de boire une bière que nous devons passer à la soupe… moment toujours convivial où chaque groupe peut raconter à l’autre sa journée.

 

11/07 : le jeudi, c’est de nouveau les sacs chargés que nous repartons vers notre nouveau refuge : la cabane de Panossière, 2641m. Pour y accéder, nous franchissons de nouveau le col de la veille en une lente ascension mais cette fois la neige molle permet aux premiers de faire des marches pour les suivants donc c’est assez facile. Il ne nous reste alors qu’à nous encorder pour parcourir l’immense glacier de Corbassière. A part le bruit des crampons et l’oeil avisé sur d’éventuelles crevasses, c’est un pur plaisir d’évoluer dans ce paysage grandiose, tout en nuance de blancs avec les nuages qui dansent dans le ciel et chatouillent les arêtes voisines… Dans le passage du grand couloir, nous voyons la lente progression d’une troupe de 13 autrichiens partis plus tôt pour faire l’ascension du Grand Combin par le couloir du Gardien. Nous arriverons au refuge avant eux car nous avons décidé de ne pas nous aventurer sur le Tournelon Blanc qui est magnifique à regarder mais tout en glace et peu stable à arpenter. Deux lacs d’un bleu profond surnagent au milieu du glacier, nous sommes seuls au monde dans toute cette partie et c’est du pur bonheur !

Nous avançons par la droite quand nous apercevons au loin deux skis puis deux autres skis de rando, puis des bâtons… Nos premiers de cordée avaient déjà trouvé cette semaine des mousquetons ou même une frontale oubliée mais là, cette triste découverte nous rappelle que même les meilleurs peuvent se faire surprendre. Le gardien du refuge à qui nous ramenons ce matos nous expliquera qu’il s’agit en fait d’un groupe de 7 skieurs suisses pris dans une avalanche à la fin du printemps. Notre arrivée chaotique à travers les moraines est récompensée par un vrai bon café (à 4 francs pièce car nous

sommes en Suisse !), une bière ou même une omelette pour les plus gourmands… et comme dit par Daniel lui-même, « les Belges n’ont pas de montagne mais ils ont une bonne descente ». Cerise sur le gâteau, le refuge bénéficie d’une vraie douche intérieure (5 francs !) ou extérieure et avec la chaleur, c’est bienvenu après le bèche un peu sommaire de la cabane de Valsorey !

 

 

12/07 : le vendredi matin dès 5 h, nous prenons un bon petit déjeuner avant de retourner dans le glacier de Corbassière mais cette fois par l’autre coté. Le groupe d’Autrichiens qui nous talonne choisit un autre passage mais nous les retrouvons au col : ils s’engagent dans l’arête du Combin de Corbassière juste avant nous mais suffisamment vite pour ne pas nous gêner et éviter les chutes de cailloux. Quelques 2/3 heures plus tard, nos 3 cordées du CAF se retrouvent au sommet et tandis que Thierry partage sa taupette de génépi, une belle éclaircie nous offre alors un panorama à 360

degrés et à 3700m ! La descente se fait par une neige solide qui nous porte bien et nous permet d’apprécier sereinement un paysage magnifique. Nous faisons alors une belle pause pique-nique en face des séracs de Panossière : grandiose … ! L’ambiance au retour est détendue et la cordée franco-belge tente même une technique très particulière où Daniel de toute sa force court et tracte Alain qui skie debout sur la neige… Nous restons vigilants comme il se doit en appréciant quelques moulins naturels et de beaux cailloux en serpentine. Nous savourons cette dernière marche car nous savons que ce sont nos derniers pas sur le glacier de Corbassière toujours aussi désert. Tous les alpinistes seraient-ils donc partis au Mont-Blanc ? En tout cas, nous nous considérons tous comme particulièrement privilégiés d’être ici !

 

13/07 : le samedi est le jour du retour mais il n’est pas sans intérêt car l’itinéraire par le col des Avouillons (2648m) se révèle agréable avec un retour au monde végétal et une passerelle suisse impressionnante. Nous trouvons facilement un bon chemin pour traverser jusqu’à Nashliri (merci Isabelle pour l’itinéraire !) puis nous avons la surprise de trouver un super balisage et quelques chaînes pour monter au col de Lâne (3033m). La descente sur Bourg St Pierre est comme souvent en fin de semaine un peu dure pour certains genoux et certains pieds chauffent mais une pause botanique, la rencontre de quelques vaches noires du Valais et la baignade improvisée au moulin de Saint Pierre remet tout le monde sur pied. Ceux qui doivent travailler dès le lundi repartiront hélas dans la foulée pendant que notre ami Daniel nous emmène manger une dernière fois chez l’italien du grand Saint –Bernard pour goûter le lard blanc avec les châtaignes au miel et un vrai café à un euro !

Le retour à la civilisation a du bon… mais quel bonheur que cette coupure à 3000m où pendant une semaine chacun a pu avancer à son rythme, donner le meilleur de soi même et apprivoiser les beautés d’un milieu a priori hostile mais riche de sens !

Un grand merci donc à nos cadres et tout particulièrement Alain et Isabelle… et vivement une nouvelle bouffée d’oxygène grâce au prochain camp d’été du CAF !

 

Cécile SIMONIN


Photos de Christian

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Photos de Daniel


Photos de Rémi

Montée à la cabane du Vélan

Le Vélan

Traversée cabane du Vélan, cabane de Valsorey

Boucle cabane de Valsorey col des Maisons Blanches, col du Métin, cabane de Valsorey

Traversée cabane de Valsorey, cabane de Panossière

Combin de Corbassière

Retour à Bourg Saint-Pierre par le col des Avouillons et le col de Lâne