Juillet 2017
Suite à quelques réjouissances familiales, je n’ai pu arriver dans le Valais, vaste terrain de jeu pour ce camp d’été 2017, qu’un jour plus tard, soit le 10 juillet 2017. Etant quelqu’un de très organisé et prévoyant, je me suis raté avec le prêt de matériel pour une question de timing. Des âmes charitables m’ont donc monté au refuge de Moiry un piolet, une broche et une paire de crampons. Je ne connais pas encore toutes les personnes du groupe, mais en tout état de cause, afin de me faire excuser pour cette bourde digne d’un bleu, je m’arrête à Grimentz pour acheter quelques tablettes de bon chocolat suisse !
Après avoir roulé non stop pendant environ 4h30, avec très peu de beau temps (je me demande d’ailleurs quel temps les CAFistes des Hautes-Vosges ont eu pour leur première journée), j’arrive aux environs de 14h30 au bout du lac-réservoir de Moiry, parking de départ pour monter à la cabane CAS du même nom. Je repère quelques voitures immatriculées « 88 », c’est bon, je suis bien au bon endroit. Je suis tellement pressé d’arriver au refuge, et quelque peu « angoissé » de découvrir l’ensemble de l’équipe – et mes âmes charitables – que je ne prends même pas la peine de manger. Une compote et en avant ! Le temps n’est pas vraiment clément. Petite bruine au départ du parking, brume en arrivant à proximité du refuge, je distingue vaguement une personne avec un parapluie à 100 m environ en contrebas du refuge. « Quelle drôle d’idée de monter un parapluie en montagne » me dis-je. Mais surprise, c’est en fait Sarah qui se promène. Elle me dit justement qu’il pleuvait tellement à leur arrivée le dimanche 9 juillet qu’ils sont montés avec les parapluies pour éviter d’être trempés.
Arrivé au refuge, je reçois un accueil très chaleureux de la part de l’ensemble du groupe. Les conditions n’étaient pas au top pour la course qu’ils ont effectuée aujourd’hui (temps humide, nuageux, neige ramollie, ...). Tout le monde espère que les conditions vont s’améliorer de jour en jour. Alain me fait ensuite une petite présentation et visite du refuge. Je m’installe, récupère le matériel, offre mes chocolats … puis nous passons au repas. L’ambiance est bien sympa, je peux discuter avec tous les membres du groupe, mais c’est déjà l’heure de se coucher. En effet, une bonne journée nous attend le lendemain, ça sera ma première journée d’alpinisme dans les Alpes, et il faut dire que je me demande un peu à quoi m’attendre.
Le réveil n’est pas si matinal que ça, 6h, et tout le monde se prépare en vitesse. Nous partons ensuite du refuge et progressons dans le calme dans les éboulis et moraines du glacier de Moiry. Je suis Alain, qui sera mon chef de cordée d’aujourd’hui, et m’applique à bien respecter ses conseils, ainsi que les conseils de Pascal, mon deuxième compagnon de cordée. Le ciel est découvert, la température est passée sous la barre du 0°C cette nuit, ce qui est plutôt de bon augure pour cette journée. Le paysage est déjà magnifique, et je sens que cette semaine va me plaire. Nous nous dirigeons en direction de l’antécime du Grand Cornier. Une première cordée s’attaque à la rimaye, mais celle-ci résiste. Hervé se lance à l’assaut à son tour et ça passe ! Toutes les cordées « s’engouffrent » alors dans le petit passage. En dernière cordée, je me demande comment vais-je passer ce passage semble-t-il délicat … mais non, pas de soucis, tout le monde se retrouve bien en haut, avec une belle récompense : un superbe vue sur le Zinalrothorn, la Dent Blanche, l’Obergabelhorn… et sur les prochains refuges et ascensions de la semaine.
Nous nous attaquons ensuite à la pointe de Bricola. La partie sommitale n’est pas enneigée, et je découvre que ce n’est pas si évident que ça de marcher avec des crampons sur du rocher, mais ça passe.
Pendant ce temps, la Dent Blanche semble, elle, fumer tel un volcan.
Le lendemain matin, seule la montée au refuge de Tracuit est prévue, soit 1 600 m de dénivelé réalisable en 4/5 h. Chacun gère comme il veut, à condition d’être présent à 18h30 pour le repas.
Je pars donc avec Emeline, Rémy et Sarah en fin de matinée. Ça grimpe sévère jusqu’au « Roc des Vaches », puis la pente s’adoucit sur une sorte de petit plateau herbeux. L’arrivée avant le refuge est cependant plus raide et plus rocheuse, avec un petit passage d’escalade très facile équipé de chaînes.
Le refuge de Tracuit a été refait récemment et est donc très moderne. De grandes baies vitrées permettent d’admirer le paysage. Thierry, qui revient directement de son travail, nous rejoint à ce refuge. Il est monté en à peine 2 h, sacrée allure de montée ! Les cordées sont réorganisées en conséquence : je me retrouve avec Thierry en chef de cordée et Sarah. Je me demande comment se déroulera la journée de demain. En effet, le Bishorn sera mon premier « 4 000 » et au vu des « champions » composant ma cordée, je crains de ne pas pouvoir suivre le rythme ! Vais-je également ressentir les effets de l’altitude ?
La nuit est plus courte, réveil 5 h. Nous voilâmes partis pour traverser la moraine séparant le refuge du glacier du Turtmann. Le début du parcours est facile, peu pentu et un peu vallonné. Nous cheminons rapidement entre des crevasses de grandes tailles. Beaucoup de cordées ont prévu de faire le Bishorn, nous marchons donc rapidement afin d’en doubler un maximum et être plus tranquilles par la suite. La pente se redresse ensuite et notre allure se ralentit également. Nous arrivons sous le sommet vers 8h30, mais une dernière petite difficulté nous attend : un court mur de glace avant d’accéder au véritable sommet. Nous passons finalement sans problème et pouvons savourer la magnifique vue sur le Weisshorn et les autres sommets du secteur en attendant les autres cordées vosgiennes.
La descente est rapide, et nous revenons vers 10h30 au refuge de Tracuit. L’occasion de faire une pause déjeuner, se reposer dans les sièges suisses, … mais il ne faut pas s’endormir : il nous faut redescendre du refuge pour prendre le sentier nous conduisant au col de Millon dans un premier temps, puis au refuge de l’Arpittetaz.
La vue depuis le col de Millon est très belle, notamment sur l’Arête du Blanc, le ZinalRothorn, le Blanc de Moming, …
L’accueil au refuge de l’Arpittetaz est chaleureux. Il s’agit de bénévoles qui viennent garder à tour de rôle le refuge. Etant donné mon premier « 4000 », je me fais « bizuter » (avec grand plaisir) et l’ensemble du groupe me propose à la plonge. C’est une bonne occasion pour discuter avec nos gardiens de ce jour. L’un deux connaît les Vosges : il est en effet chercheur en agronomie et vient de temps en temps à l’école d’agronomie de Nancy et à la ferme expérimentale de Mirecourt.
Concernant la journée suivante, Alain et Isabelle avaient prévu de passer directement du refuge de l’Arpittetaz au refuge du Grand Mountet en transitant par le Blanc de Moming. Mais finalement, à la vue du glacier, très ouvert, et après discussion avec les gardiens, ce ne sera pas possible.
Il nous faudra donc redescendre dans la vallée de Zinal pour reprendre le sentier menant au refuge du Grand Mountet, ce que nous faisons le lendemain matin … enfin presque : certains, plus malins, ont trouvé un pont un peu scabreux permettant de ne pas redescendre jusqu’en fond de vallée. Bon, il faut dire qu’ils ont bien essayé de m’appeler, mais étant un peu sourd, et plongé dans mes pensées, je n’ai rien entendu …
Sur le sentier menant au refuge du Grand Mountet, nous croisons quelques ouvriers refaisant le sentier. Ils nous informent qu’un nouveau pont sur une gorge sera inauguré le lendemain et qu’ils refont les sentiers pour les « huiles » susceptibles de venir. Nous empruntons le pont : celui-ci est impressionnant, tant dans sa structure (les Suisses ne lésinent pas sur les moyens) que dans la profondeur de la gorge (70 m de hauteur d’après les ouvriers).
Arrivé au refuge, le temps n’est plus au beau. Il y a des nappes de nuages et ce n’est pas évident de choisir quelle activité faire. Le Mammouth (arête rocheuse surplombant le refuge) ? Le Blanc de Moming ?
Le temps ne s’améliorant pas, une partie du groupe décide de partir en reconnaissance de l’itinéraire prévu le lendemain matin au lever du jour, dans la moraine, pour accéder au glacier Durand. L’autre partie choisit plutôt de se reposer, pour être en forme le lendemain.
Pour ceux ne tenant pas en place, c’est également l’occasion de rechercher activement du génépi, et on peut dire que certains ne sont pas rentrés bredouilles !
Le lendemain matin, nous partons aux environs de 6h en direction de la pointe de Zinal, l’objectif de ce jour. La reconnaissance de l’itinéraire a été bénéfique et permet d’atteindre au plus vite le glacier et du même coup de sortir de ce terrain scabreux.
Je suis toujours encordé avec Thierry et Sarah. Nous remontons le long glacier Durand. Je distingue au loin une cordée de 3 personnes, dont un guide. J’observe qu’ils mettent un peu de temps pour franchir le col Durand. En effet, peu avant le col Durand, il faut franchir une rimaye doublée d’une pente de glace assez longue (une cinquantaine de mètres). Thierry et Hervé prennent toutes les broches et les posent tout en progressant. Ceci permettra d’assurer toutes les cordées suivantes, la dernière cordée les retirant ensuite.
La vue depuis le col Durand est splendide. Le Cervin se tient là devant nous, très impressionnant, les arêtes paraissant bien effilées. Nous continuons la progression en direction de la pointe de Zinal, en partie sur de la neige et en partie sur du rocher. Arrivés en bas de la pointe de Zinal, nous laissons finalement nos crampons pour escalader le rocher final. Du sommet, la vue sur le Cervin, mais aussi sur les autres sommets du secteur est magnifique !
La descente est ensuite plus compliquée et longue, mais toutes les cordées se retrouvent sans encombre au pied de la pointe de Zinal pour rechausser les crampons.
De mon côté, je crains quelque peu la descente de la pente en glace, sous le col Durand. Nos chefs de cordée posent finalement une main courante, et la descente se fait très facilement ! Le temps d’attendre Alain et Hervé, nous avons ensuite fait la cordée la plus longue de l’histoire de l’alpinisme (rien que ça !) : 9 alpinistes !
Nous rejoignons ensuite le refuge du Grand Mountet tard dans l’après-midi (16 h environ), ce qui fait une bonne course, plutôt longue, mais permettant de progresser sur des terrains variés.
Le soir, au refuge, il y a effectivement du monde, du fait de l’inauguration du nouveau pont. La salle est bruyante et je suis pressé de retrouver le calme du dortoir. Après une bonne journée comme celle-ci, trouver le sommeil n’aura pas été difficile.
Pour le dernier jour de ce camp d’été, au vu des conditions d’enneigement, il est décidé de faire le Blanc de Moming par le col de La Forcle, puis, si les conditions le permettent, continuer par l’Arête du Blanc. L’Arête du Blanc est réputée impressionnante, du fait du gaz présent de part et d’autre (et surtout du côté Nord).
La montée jusqu’au col de la Forcle est facile, cela permet néanmoins de réveiller en douceur les muscles encore froids et endormis. Du fait de l’Arête du Blanc à franchir, les cordées ont changé, et sont préférentiellement composées de 2 personnes. Je me retrouve avec Alain. Nous escaladons tout d’abord l’arête menant au Blanc de Moming.
Du fait de l’absence de neige sur ce parcours, nous n’avons pas encore chaussé les crampons. L’arête n’est pas difficile, et nous progressons rapidement.
Arrivés au Blanc de Moming et après avoir chaussé les crampons, nous faisons un petit tour du dôme de neige tout en jaugeant l’Arête du Blanc. Il y a un peu de vent, mais un guide avec 2 clients s’y est engagé. L’Epaule du Zinalrothorn se retrouve plongée dans les nuages de temps à autre, mais les conditions sont globalement bonnes.
Alors, « CAF ou pas CAF de rejoindre le nuage ? » (© Rémi G.)
Et ben CAF ! On n’est pas venu pour amuser la galerie, et toutes les cordées se sont progressivement élancées sur l’Arête, bien concentrées, en assurant le pas. A ce moment là, du fait du danger potentiel de chute, interdiction de parler !
Toutes les cordées redescendent ensuite jusqu’au refuge du Grand Mountet, avec en plus la satisfaction d’être passées par cette jolie arête.
La descente au village de Zinal me paraît bien longue, mais ce doit être en raison de la fatigue qui commence à s’accumuler dans les jambes. Et puis c’est bien triste, car cette descente annonce la fin du camp d’été 2017 …
J’ai passé au final une super semaine, très intéressante tant du point de vue des échanges humains avec tout le groupe que du point de vue des sommets réalisés en alpinisme. L’ambiance était très sympa, et l’organisation bien réglée.
Pour moi c’est tout vu, je réserve dès que possible une place pour l’année prochaine ! Et je remercie grandement Alain et Isabelle pour l’organisation de ce camp d’été ainsi que les autres cadres qui nous ont guidés durant toute cette semaine.
Johan