Dans le cadre d’un stage Cascade de Glace organisé par la FFCAM pour l’Equipe Espoir Alpinisme Grand Est nous sommes partis pendant cinq jours en Italie dans le val d’Aoste pour nous essayer aux plus belles cascades d’Europe.
Départ de Gérardmer en Bus pour Munster, puis prendre le train à Munster pour Colmar ou m’attendaient déjà sur le parking de la gare, mes deux compagnons de route Flora et Lucas. Nous prenons la route pour l’Italie après avoir eu le feu vert de Gilbert et des autres (Lucia, Martin et Guillaume qui partaient de Strasbourg avec Gilbert).
Nous passons un long voyage avec une heure de bouchons au bord du lac Léman. Mais cela nous permet d’admirer les montagnes suisses surtout pour Flora qui n’a jamais vu la Suisse. Passé le tunnel du grand St Bernard nous arrivons en Italie et on arrive à Cogne en plein championnats du monde de ski de fond et l’ambiance dans la vallée est torride. Heureusement on prend un peu de hauteur et montons vers Gimillan, un petit village surplombant la ville.
Nous découvrons l’hôtel du Belvédère pour notre première nuit en Italie. Après les fameux Huit Plats Italiens et le gâteau préparé pour l’anniversaire de Gilbert nous décidons d’aller marcher. Lucas, Guillaume, Flora et moi partons au-dessus du village vers un col entre deux sommets enneigés. Ce qui
devait être une simple promenade digestive s’est transformée en une marche de deux heures et de 400m de dénivelé positif pour aller reconnaître un sommet à côté peut être pour une prochaine fois.
De retour à l’hôtel, tout essoufflés par le dénivelé nous allons nous coucher, prêts et déterminés pour la cascade du lendemain.
Marche d’approche de 2 kilomètres et d’environ 500m D+.
Après l’arrivée au pied de la cascade et le rattrapage in extremis d’un casque lâché par une cordée en amont. Pendant que nous nous équipions, le guide a rapidement installé une main courante sur laquelle nous pouvions nous vacher pour être en sécurité au pied de la cascade. Nous avons procédé à la mise en place de deux voies, ouvertes en tête par Gilbert FERHAT (Responsable Equipe Jeunes) et le Guide Fabien IBARRA, assurés respectivement par Guillaume Foesser et moi-même.
J’ai malheureusement reçu un bloc de glace sur mon bras gauche qui m’a empêché de grimper correctement durant la journée. Ayant assuré le Guide et Gilbert nous avons ensuite réalisé une première voie. Moi celle de celle de droite cotée 4+ par le guide bien que les topos n’évoquaient que du 3+. Et Guillaume Foesser dans celle de gauche, en 4, toujours selon le guide. Un peu plus tard le guide as installé une voie en mixte un peu plus en aval de la cascade, dans un surplomb rocheux, que je n’ai pas eu l’occasion d’essayer à cause de mon bras douloureux. Puis sur la droite de la cascade principale, une autre voie en glace plus facile en 3 que je n’ai pas réalisée non plus. Je n’ai finalement fait que trois voies, dans les deux premières ouvertes sur le mur principal.
La glace était très dure jusqu’à 15h et est très vite devenue sorbet au contact du soleil. Aucun risque d’avalanches car les pentes supérieures étaient assez peu raides et étant exposé. D’ailleurs la sortie de la cascade était recouverte d’arbres ce qui était rassurant, peut être faussement d’ailleurs. J’ai discuté avec le guide, lui demandant les signes avant-coureurs du détachement de parois de glaces, il m’a expliqué comment lire la glace, m’expliquant que plus elle était fine à son extrémité supérieure
plus il y avait de risque que la glace cède et n’emporte le grimpeur avec elle. Le plus gros danger était un groupe de Lituaniens énervés qui ont manqués de nous envoyer un gros cigare de 50 cm de diamètre pour deux de longs à Guillaume et à moi en descendant en moulinette.
J’ai ensuite pu faire l’autre voie, celle de gauche. Que je nommerais « celle de gauche » par manque d’inspiration. Une belle voie en 4 qui longeait le rocher jusqu’à quelques mètres en dessous du relais. Cinq ou six de mémoire. Et refaire la première, profitant que mon biceps était encore chaud pour essayer d’être plus à l’aise. Croyez-moi, être suspendu sur un bras pendant toute une journée c’est fatiguant. Le plus dur était de frapper pour ancrer du bras gauche, cela m’était impossible.
Heureusement que j’étais assez confiant en mes prises ayant fait beaucoup de dry-tooling. Sinon je devais changer de main pour pouvoir taper avec le bras droit pour reprendre ensuite avec le bras gauche.
Redescente jusqu’au Parking, retour à Cogne, courses à la superette du coin et installation dans l’appartement à Gimillan que nous avons réussi à dénicher grâce à Darma la merveilleuse gérante de l’hôtel, qui connaît tous les propriétaires de la moitié du village. Nous nous sommes faits à manger en parlant chacun de nos impressions et de nos envies pour la journée suivante.
Puis rendez-vous à l’auberge du Belvédère pour le débriefing où nous rejoignons le Guide, Gilbert et Lucia nous échangeons nos impressions sur cette première journée au top !
Départ en voiture depuis le village de Gimilan après le petit déjeuné et le rendez-vous à l’auberge du Belvédère. 5min de route de Gimillan jusqu’au parking de Valnontey. S’en suit une marche d’approche de 4 km et de 250D+ sur un chemin s’enfonçant dans la vallée de Valnontey au milieu des montagnes et sous le Grand Paradis caché derrière le petit paradis ou nous croisons à quelques reprises une piste de ski de fond fraîchement damée.
Arrivée au pied de la cascade et atelier brochage et lunules sur glace. Installation de relais, explications par le guide Fabien Ibarra des déplacements en cascade et exercices sur butte de glace. Formation des cordées : Guillaume Foesser et Martin en réversible. Fabien, Flora et Lucia et Gilbert, Lucas et moi comme 3eme cordée.
Nous avons passé la première longueur de la cascade jugée inintéressante par le guide et nous avons entamés directement la 2nde longueur. Nous grimpions en flèche, Gilbert en tête nous assurait ensuite depuis un relais. D’abord satisfait pour mon bras, j’ai été ensuite frustré de ne pas pouvoir grimper en tête le reste de la journée. Mais la frustration a très vite disparue au vu du magnifique cadre de la vallée de Valnontey dans le Val d’Aoste.
Problèmes de communications avec le premier de cordée. (Trop de mou pour le 1er à partir et pas assez pour le 2nd, Non communication de l’arrivée au relais). Discutions des problèmes avec Gilbert, Lucas as su se montrer très ferme et très direct, moi un peu moins. Malgré cela les longueurs en glace étaient super intéressantes et très belles. Il y avait plus de passage donc plus de trous et j’ai pu y trouver des sensations similaires au Dry Tooling dont j’ai plus l’habitude.
Rencontre avec deux italiens qui grimpaient derrière nous et avec qui nous avons pu discuter quelques minutes dans un langage à mi-chemin entre de l’anglais, du français et de l’italien. Arrivée tardive au pied de l’avant dernière longueur, évidence que l’horaire prévu (5h au Parking) ne sera pas respecté. La glace commence à être vraiment sorbet. Le Guide nous fait descendre en rappel jusqu’au pied de la 4eme longueur et nous attendons le reste du groupe, avant de nous encorder court et de descendre par un chemin longeant la cascade.
Retour au Parking et débriefing le soir. Lucas et moi sommes frustrés que Gilbert ne nous ait pas laissés nous confronter à l’autonomie comme le guide l’a fait avec les autres, mais tout de même très heureux de notre journée. Nous prenons le repas à l’appartement entre jeunes et avons du mal à trouver le sommeil pour certains pris dans un fou rire de fatigue interminable nous entendons les autres grommeler dans la chambre d’à côté.
Marche d’approche de deux kilomètres pour aller à la cascade de Thoule avec la promesse de grimper en tête. Mais arrivé sous la cascade le guide juge que la cascade n’est pas en conditions, que des blocs de glace dangereusement suspendus au-dessus sont trop dangereux.
Nous nous rabattons alors sur la cascade de Sentiero del Troll à moins d’un kilomètre de marche. Martin et Guillaume Foesser ayant déjà grimpés en tête hier ils passent seconds de cordée pour nous assurer Lucas et Moi. Je retrouve Guillaume, mon compagnon de cordée habituel dans la plupart de nos sorties alpines.
Nous grimpons donc en tête assistés par Fabien qui garde un œil attentif sur nous pendant que Gilbert grimpe en flèche avec les filles derrière nous. Après les deux premières longueurs, Fabien a pris confiance et connaissance de nos capacités et nous envoie dans du raide. Je fais quelques mètres en 4 qui se passent très bien, il me fait remarquer je ne plante pas assez mes pieds et n’ancre pas assez mes piolets, qu’en tête on ne doit pas chuter (J’essaye alors de refouler mes habitudes de dry-tooling et me concentre sur mes pieds). L’endroit dans lequel il m’a envoyé est très pourri, la glace est fine, mauvaise, cassante, recouverte de neige. J’ai du mal à mettre une broche, mais je fini par m’en sortir.
Une cordée envoie une corde et descend en rappel à côté de moi, leur corde passe sur mes piolets et menace de me faire décrocher, je sécurise mes points d’appuis et leur demande de faire attention. Ils essayent de passer au mieux et après qu’ils soient passés tous les trois je peux reprendre ma progression et arrive à un relais sur rocher ou j’attends le guide. Nous descendons ensuite en rappel au relais du milieu et refaisons un rappel pour rallier le bas de la cascade.
Une super cascade, très content d’avoir pu grimper en tête et d’avoir été avec Fabien Ibarra pour cette journée car il a beaucoup de choses à nous apprendre, surtout au niveau sécu dans lequel il est très pro.
Nous rejoignons le parking ou nous sortons DVA pelles sondes pour un exercice de sensibilisation aux risques d’avalanches. Explications des risques, du BRA, types d’avalanches. Exercice de recherche avec DVA. Je connais déjà tout cela étant skieur alpiniste et me met un peu à l’écart du groupe pour observer tout en écoutant le guide. Cela me permet d’analyser les actions des autres etc. Toutefois je me mets la pression lors de l’exercice de recherche de victimes en avalanches pour trouver le plus
rapidement possible. J’ai déjà fait ça en entrainement des dizaines de fois et il est très facile pour moi de trouver le DVA caché, avant mes camarades qui eux n’ont jamais pratiqué la recherche au DVA. Cet exercice ne m’aura rien appris de nouveau mais m’auras fait réviser une fois de plus des gestes et des réflexes indispensables.
Au matin, nous déposons Guillaume et Martin sur le parking de Lillaz car ils ont prévu de faire la cascade Pattinaggio Artistico. 240m en 3+ en autonomie, nous leur souhaitons bonne chance et les laissons partir. Le retour est long, nous sommes fatigués et triste de quitter l’Italie. Nous avions au départ le projet d’aller skier dans les Alpes, à Chatel, ou en Italie à Aoste, mais nous n’avons pas assez de temps et payer cinquante euros les 2h de ski nous dégoute un peu. Nous rentrons donc dans les Vosges. Pour aller skier à Gérardmer, ce n’est pas Avoriaz ou Tignes certes, mais c’est la station dans laquelle je bosse et je m’y sens chez moi.
Je m’estime très heureux d’avoir pu participer à ce stage. J’ai découvert un nouvel endroit encore inconnu pour moi jusqu’alors. Et la vallée d’Aoste est vraiment magnifique. J’ai pu passer un cap en cascade de Glace, je pense m’être amélioré et ai pu mettre en pratique les techniques de relais ailleurs qu’au lac Blanc, en bref sortir de ma zone de confort.
Très heureux d’avoir rencontré Fabien Ibarra, super guide, spécialisé dans la cascade de Glace. Très pro et vraiment pédagogue avec un grand sourire quel que soit les circonstances.
Une très bonne ambiance entre le groupe. Soudé et toujours dans la bonne humeur. La première fois qu’on fait une sortie équipe espoir à plus que deux ou trois et c’est sympa de partager sa passion avec d’autres personnes.
Je voudrais remercier, Gilbert d’avoir organisé ce séjour. Le Guide Fabien Ibarra pour avoir tenu à nous ramener en vie et pour ses précieux conseils. Mes camarades avec qui je me suis bien amusé d’avoir réussi à supporter un Vosgien ! Et pour finir, le CAF Hautes Vosges qui m’a permis de participer à cette belle expérience.
Par Guillaume Claude