Escapade en Chablais

Il y a encore eu de la chaîne...

4 et 5 septembre 2020

Cette année, la désormais traditionnelle randonnée montagne de septembre mène, non pas en Suisse comme habituellement, mais en Chablais. Au programme de l’après midi du premier jour, le Lac de Tavaneuse au-dessus d’Abondance. Pour la deuxième

journée l’objectif est la traversée de la Dent D’Oche au-dessus de Bernex.

Les prévisions météo du dimanche d’avant pour le week-end des 05 et 06 septembre sont très encourageantes ; pas de pluie ni d’orage en vue. Et pourtant… lundi matin les prévisions ont entièrement changé, comme souvent, trop souvent même, le temps

annoncé pour dimanche laisse dubitatif. Toute la semaine l’incertitude plane sur la possibilité de réaliser cette sortie. Jeudi matin c’est la cata, et il faut se résoudre à annuler car dimanche, c’est pluie, ou rares averses selon le terme utilisé, toute la

journée. C’est rageant, d’autant plus que la météo annonce très beau pour vendredi et à peine moins beau pour samedi. Finalement ce serait bien d’avancer d’une journée…

Branle-bas de combat, on fait le tour des participants pour savoir qui peut se libérer le vendredi. Le camping prévu pour l’hébergement est contacté en urgence pour savoir s’il peut nous recevoir le vendredi soir au lieu du samedi. Pour le camping, c’est OK. Côté participants on s’arrange comme on peut et pour finir ON Y VA… dès le vendredi. Le week-end est sauvé.

Rendez-vous est donné vendredi midi à Prétairié, à proximité immédiate d’Abondance, pour une petite balade de 800 m de dénivelé vers le lac de Tavaneuse et le col, anonyme sur la carte IGN, d’Entre-Deux-Pertuis. La montée démarre sec, enfin pour les randonneurs que nous sommes, parce que côté terrain, c’est gras et glissant ! Ça promet pour la descente même si elle ne se fait pas par le même itinéraire. Mais bon, souvenons nous, nous avons connu pire à la Dent du Chamois.

Malgré le terrain, la montée se fait à un bon rythme. Au passage nous nous arrêtons au bord d’un torrent et Daniel, aventurier dans l’âme, nous fait une démonstration éclatante de son nouvel équipement tout juste acquis. Une pompe purificatrice d’eau ! L’eau est prélevée directement dans le torrent, passe au travers d’un filtre et va remplir la gourde.

Il survivra, il a de l’eau, bienvenue par cette chaleur ! Enfin un peu difficilement quand même car le matériel neuf laisse un petit goût indéfinissable de savon ou on ne sait quoi, dans l’eau… Mais bon, sur le principe ça fonctionne. Peu de temps après, passage aux Chalets de Tavaneuse où nous espérions faire une halte à la buvette. Malheureusement elle est fermée. Nous poursuivons donc directement vers le Lac. Arrivé au lac situé sous l’immense falaise du Piron, le cadre enchanteur et splendide à la fois invite à s’attarder. Ainsi la pause dure un bon moment et donne l’occasion de refaire un test de la pompe purificatrice. Son efficacité est une fois encore au rendez-vous ; l’arrière goût dans l’eau également ! Après un bon moment passé au bord du lac, il commence à se faire « tard » et il faut se résoudre, à contre cœur, à reprendre le chemin. La montée n’est pas tout à fait finie et il reste la descente et l’installation au camping. Direction le col d’Entre-Deux-Pertuis avec dans la montée une superbe vue sur le lac.

Arrivé au col, vue impressionnante sur la falaise de la Pointe d’Entre-Deux-Pertuis sur la droite sous laquelle se fera la descente. En face belle vue sur les Dents du Midi. Sur la

gauche une petite arête effilée mène vers la Tête du Cheval. Elle sera faite en aller retour avant d’entamer la descente par la vallée d’Entre-Deux-Pertuis. Arrivé aux chalets

d’Entre-Deux-Pertuis, le chemin raidi et avec l’humidité redevient glissant. La descente

se fait précautionneusement pendant un bon moment. Puis arrive la forêt avec son large

chemin souple et agréable. Le reste de la descente se fera rapidement, très rapidement

même, tellement le chemin est souple et agréable.

Retour au parking, direction le camping de Châtel où l’accueil sera chaleureux.

Châtel, grouillant de monde, telle une fourmilière, durant les mois d’été est déserté dès la rentrée des classes. A tel point que le seul camping de toute la vallée d’Abondance entame son dernier week-end d’ouverture. Il est même compliqué de trouver un

restaurant encore ouvert ! La ville entre en léthargie en attendant les premières neiges qui feront revenir les touristes.

 

Le lendemain départ pour le parking de la Fétiuère au-dessus de Bernex, point de départ pour la Dent d’Oche (2222 m). Quand nous arrivons, le parking est déjà bien rempli et donne le sentiment que la journée se déroulera au milieu de la foule. Heureusement il n’en sera rien. Bien que le circuit soit très fréquenté, il n’y a pas bousculade.

Aujourd’hui encore, la randonnée démarre directement dans le vif du sujet, sans échauffement, par un sentier soutenu et quelque peu gras et glissant.

Il deviendra tout à fait agréable une fois sorti de la forêt. En attendant, ça grimpe fort… mais c’est bien. Comme ça les 1000 m nous séparant du sommet seront vite avalés. Au sortir de la forêt, le regard est capté par l’impressionnant Château d’Oche. A tel point que la Dent d’Oche sur la gauche passe pour ainsi dire inaperçue et le refuge du nom éponyme situé en contre bas ne se distingue pas encore. Le temps est beau mais se couvre quelque peu. Tient donc, la météo aurait menti ? Aux Chalets d’Oche, petite pause. Le Château d’Oche capte toujours autant l’attention, on y aperçoit deux silhouettes au sommet et on se dit qu’on y monterait bien.

Malheureusement, il n’est pas au programme mais…

Tout à fait sur notre gauche se dessine le sentier qui monte jusqu’au refuge de la Dent d’Oche dont on aperçoit le drapeau flotter au milieu des rochers.

Montée régulière et agréable qui nous laisse admirer de très beaux points de vue. Dommage que la nébulosité masque le Mont-Blanc qui, quand la vue est dégagée, semble tellement près qu’on a l’impression de pouvoir le rejoindre en quelques enjambées. Le sentier débouche sous un couloir équipé de chaînes, les premières de cette journée. C’est la fameuse cheminée située juste sous le refuge.

Un vent froid, sous un ciel gris nous invite à enfiler une petite laine avant d’attaquer. Ceux qui montent croisent ceux qui, souvent mal chaussés, descendent sur les fesses agrippés aux chaînes. La dernière chaîne mène directement au refuge de la Dent d’Oche. Au passage un bouquetin nargue avec un petit sourire en coin les bêtes à 2 pattes bien gauches dans les rochers. Après cette première séquence de chaînes, vu le nombre de mains s’étant posées sur celles-ci, séquence gel hydroalcoolique ; contexte sanitaire oblige.

La pause café sur la terrasse de ce véritable nid d’aigle perché sur son rocher est la bienvenue, d’autant plus qu’une table relativement à l’abri du vent frais se libère. Effet de l’altitude ou de l’eau filtrée bue la veille ? Toujours est-il que D… nous gratifie d’une danse endiablée sur la terrasse du refuge, torse nu !

Après cette pause bien méritée, la montée se poursuit vers le sommet tout proche en enchaînant les passages chaînés, les sangles (terme utilisé en Chartreuse, un sangle est une longue vire horizontale dans une grande paroi) herbeux, les dalles et les arêtes. Au passage, des panoramas magnifiques sur le lac Léman se révèlent petit à petit. Le cheminement nous offre également une vue plongeante sur le refuge perché sur son rocher.

Le groupe fini par déboucher sur le sommet avec la croix qui n’est pas le vrai sommet. Celui-ci se situe plus loin. Avec le vent insistant les coupe-vents et Gore-Tex sortent des sacs et les nuages au loin cachent toujours le Mont-Blanc alors que le ciel s’est déjà bien dégagé. A l’heure qu’il est et avec le superbe panorama à 360° on casserait bien une petite graine sur place. Le vent nous en dissuade. Le groupe s’ébranle donc vers le véritable sommet et, après une séquence photo, entame la descente le long de la crête sur un sentier escarpé, sécurisé par de nombreuses chaînes entraînant quelques séquences « gel hydroalcoolique ». Vigilance et concentration sont de rigueur. Le sentier débouche à proximité du col de Planchamp que nous rejoignons prestement, juste sous l’impressionnante paroi rocheuse du Château d’Oche, pour enfin pique-niquer. Le col est envahi de bouquetins nullement dérangés par la présence des randonneurs. Depuis le col, vue sur le Léman, la Gruyère et d’autres secteurs que nous ne savons pas identifier. Qu’importe, le décor de la salle à manger est superbe. Petit à petit nous sommes encerclés par les bouquetins qui paissent sur ce plateau herbeux encore bien fourni.

 

Château d’Oche... Château d’Oche… ça nous dit quelque chose… n’en a-t-on pas déjà parlé aujourd’hui… c’est pas le pic qui capte le regard comme un aimant depuis ce matin… si on écourtait la sieste on pourrait… il est encore tôt… il fait beau, le ciel est bleu… on est en forme… Allez hop, on range les affaires, on jette les sacs sur les dos et c’est reparti pour la descente vers le lac de La Case. Le sentier contourne le Château et un peu au-dessus du lac, un chemin balisé part sur la gauche en direction du sommet. Ni une, ni deux nous y allons pour une montée de 400 m. Dans la montée, vue sur les Dents du Midi et enfin le Mont-Blanc qui est sorti des nuages. Au sommet, marqué par la présence inhabituelle de deux croix, le vent frais est encore une fois présent mais ne gâche en rien la vue à 360° et surtout la vue sur la Dent d’Oche. Vu d’ici il est difficile d’imaginer le cheminement de descente. Pourtant il est bien présent. La descente du Château se fait par le même sentier jusqu’à une bifurcation bien marquée où nous prenons un sentier vers la gauche, absent de la carte IGN, en direction du col de Pavis. Il débouche dans un pierrier d’où nous pouvons admirer le lac de Darbon, à mi-chemin entre le col de Pavis et Les Portes d’Oche ; col par lequel se fait le retour au lac de la Case. Depuis le lac, une petite demi-heure suffit pour rejoindre les Chalets d’Oche. Cette fois la buvette d’alpage est ouverte et invite à une petite collation type faisselle à la confiture de myrtilles.

Certains repartent de l’alpage le sac à dos lesté de fromage… Une heure plus tard, le parking est atteint et c’est le retour vers les Vosges pour les uns alors que d’autres resteront encore sur le secteur.

Rémi RENK

Vers le lac de Tavaneuse

Traversée de la Dent d'Oche - 2221 m

Et montée au Château d'Oche